Erminaarchéologie des techniques

Fouille archéologique d'un complexe artisanal en milieu rural

L'atelier tuilier, briquetier, faîencier et chaufournier
de Granges-le-Bourg en Haute-Saône

Une tuilerie a existé à Granges-le-Bourg dès le XVIe siècle. Le fait est attesté par un procès datant de 1537 et 1538, relatif à un attentat commis par les manants et habitants du lieu, qui avaient abattu et démoli une partie du bâtiment de ladite tuilerie. Pour ces méfaits, ils seront condamnés à payer une amende de 1000 livres.

Dès 1543, la tuilerie est acensée à noble Conrad Tanchard, procureur à Granges, et, en 1547, le duc Cristophe de Würtemberg, comte de Montbéliard, dont dépendait Granges, renouvelle le bail et « laisse en accensement perpétuel à Conrad Tanchard, demeurant à Granges, une place de terre, dites Les Grands Champs sur laquelle une tuilerie est édifiée, mais quasi ruinée précédemment, ainsi qu'une partie des fosses ». Il pourra jouir de la tuilerie comme d'un bien propre, faire les tuiles et autres ouvrages de terre que bon lui semblera, prendre les bois morts dans la forêt du comte et uniquement pour cet usage le tout moyennant un cens annuel et perpétuel de deux francs, monnaie de Bourgogne. Il devra, en outre, maintenir ladite tuilerie et les Grands Champs en état et délivrer tuiles, carrons, chaux et autres matériaux de terre pour le château de Montbéliard, quand on les lui demandera. Ces fournitures seront payées au prix pratiqué à la tuilerie de Montbéliard.

C'est en 2002 que le site de la Tuilerie a fait l'objet d'une première opération conjointe de sondages et de restauration par le biais d'un chantier de jeunes bénévoles avec pour objectif la consolidation et un premier nettoyage des vestiges apparents. Le site a été débarrassé des arbres, broussailles et déchets qui le recouvraient. L'arc de décharge qui protégeait les trois embrasures en briques du four central a été nettoyé et restauré. Le dégagement des gravats et détritus à l'avant du foyer a permis de restaurer également le mur de soutènement de la chaufferie, menacé d'effondrement.

Deux structures de chauffe ont été reconnues par sondage à l'arrière du foyer principal.

En 2003, cinq sondages ont été réalisés avec pour objectifs de cerner l'extension du site et d'étudier les liaisons entre les différentes structures. Dans l'état actuel des recherches, le complexe tuilier de Granges-le-Bourg comporte quatre unités de chauffe identifiées dont deux étaient approvisionnées par une chaufferie identique. Un premier chantier a été programmé pour la restauration du four F-02 situé à l'arrière du four central.

Un atelier a fonctionné pour la production de faïences stannifères, comme l'attestent les nombreux fragments de « biscuits » ou déchets de ce type de céramique découverts dans la partie Est du bâtiment. Le four qui correspond à cette production reste toutefois à localiser.

La production des ateliers tuiliers de Granges-le-Bourg s'étale sur plusieurs siècles. Elle remonte, selon les sources, au XVIe s. Pourtant, jusqu'ici aucun document d'archives ne faisait mention de fabrication de faïences. Il s'agit d'un atelier inconnu. Le mobilier mis au jour indique une production datée fin XVIIIe début XIXe siècle, avec des formes classiques comparables à celles qui ont été trouvées en Bourgogne pour cette époque.

Les recherches futures devraient préciser les modèles de faïences produites.

Une coopération avec le laboratoire de Minéralogie de Fribourg pour restituer l'ensemble de la chaîne opératoire et identifier les matériaux utilisés est en cours.

Actuellement, le site fait l'objet de restauration et de consolidation des différentes structures en particulier au niveau du four circulaire contigu au grand four tuilier quadrangulaire.

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Plan d'archives vue générale du site fouille fleur de Granges

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